[FR] Législatives Maroc 2016 : Nabila Mounib, Omar Balafrej et autres porteurs d’espoir

Le vendredi 7 Octobre 2016 marque la date du dixième scrutin législatif depuis l’indépendance du Maroc en 1956.  Les quelques quinze millions de citoyens inscrits sur les listes électorales  vont donc se presser pour accomplir leur devoir citoyen que l’école publique a bien évidemment su leur inculquer depuis le plus jeune âge (Devinez quelle partie de la phrase n’est pas de l’ironie). En tant que citoyenne marocaine ayant eu 21 ans cette année et malheureusement déjà blasée par l’état actuel de la politique marocaine, je me suis fait surprendre à suivre de très près un organisme politique qui a su me faire chavirer depuis quelques années, par son franc parler, ses réalisations dans l’opposition, mais surtout, ses grandes ambitions pour un Maroc glorieux.

Une lueur d’espoir au milieu d’un ramassis d’incapables

Le paysage politique marocain n’a jamais été aussi lamentable qu’aujourd’hui. Qu’on se le dise, on est tombés bien bas. La campagne électorale est d’ailleurs la période où cette bassesse est la plus flagrante. Les partis politiques et leurs figures s’enfoncent dans une espèce de pièce de théâtre digne des Misérables. Entre les Yasmina Baddou prise en photo  lisant une ordonnance au chevet de malades, les Mezouar ou Belkhayat chantant dans la rue, les Omari et Benkirane se vannant par médias interposés, ce n’est pas glorieux, du tout. Heureusement l’espoir fait vivre et comme vous l’avez compris à travers le titre, depuis peu de l’espoir est apporté par une fédération de citoyens jeunes et dynamiques dont le slogan est « Avec nous, un autre Maroc est possible ».

La Fédération de la gauche démocratique, née en 2007, est une alliance de trois partis politiques, le Parti Socialiste Unifié (PSU) dont Nabila Mounib est secrétaire générale depuis 2012 et de deux autres partis, le Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste (PADS) et le Congrès national Ittihadi (CNI), qui sont tous deux nés d’une scission avec l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP). Vous l’aurez compris, nous parlons bien de gauche marocaine. Chers lecteurs de droite, ne zappez pas tout de suite, faites moi confiance sur ce coup !

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Ces deux principales figures, Nabila Mounib et Omar Balafrej, se font de plus en plus connaître depuis quelques années, notamment avec les élections communales et régionales qu’à connu le Maroc en 2015 et au termes desquelles Omar Balafrej et une partie de son équipe ont obtenus neuf sièges au conseil d’arrondissement et quatre sièges au conseil de la ville de Rabat. Cette équipe a d’ailleurs, dans ses prérogatives d’opposition, dénoncé plusieurs affaires d’abus, notamment d’irrégularités urbanistiques et budgétaires.

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Un programme électoral riche en prérequis

Nabila Mounib le proclame haut et fort et ça ne date pas d’aujourd’hui, elle souhaite une monarchie parlementaire pour le Maroc. Omar Balafrej dénonce, lui, une élite politique qui « ne s’intéresse qu’aux sujets marginaux et qui n’a pas le courage de mener une refonte politique structurante ».

Ces deux héritiers d’une gauche marocaine historique et forte, notamment de sa résistance, mènent tous deux un projet qui se démarque de leurs paires et dont les symboles sont forts. Comme l’a dit Fouad Abdelmoumni, militant associatif et ancienne victime de répression dans le Soir de Belgique, Nabila Mounib et son mouvement est la seule force politique qui identifie le problème numéro un de ce pays et qui en fait sa priorité: l’absence de démocratie.

Cette démocratie recherchée est à prendre dans son sens large. La démocratie ne peut pas se construire sans un bon système d’éducation, de santé ni de justice et ce sont là les principales devises de cette fédération.

Leur programme se base sur des réformes politiques visant une séparation effective des pouvoirs et un renforcement du rôle législatif du parlement. Il prône une indépendance de la justice et une éducation basée sur les droits de l’Homme.

En matière d’éducation d’ailleurs, que la fédération considère comme un investissement stratégique, elle souhaite établir une réforme profonde de l’école et de l’université publique, pour en garantir la qualité et la gratuité. Quant à la recherche scientifique, la fédération veut lui allouer 1% du PIB.

La fédération entend aussi mener une réforme fiscale efficiente en revoyant les politiques d’exonération fiscale. Leur volonté est de créer un impôt sur la fortune tout en luttant contre la fraude et l’évasion fiscale.

En matière sociale, ils prônent évidemment une égalité des chances et des sexes en voulant faciliter l’accès aux femmes aux postes de décision. Le marché de l’emploi fait partie de leurs priorités et leur volonté est de faire adopter un service civil au sein de la fonction publique. L’accent sera donc mis sur la réhabilitation des jeunes chômeurs (ce sont leurs mots) et l’augmentation du niveau des pensions ainsi que l’activation de l’indice dynamique des salaires.

Avec un volet social, ce programme ne saurait être un programme de gauche sans un volet humaniste, il prône donc forcément la mise en clé de voute de certains principes tels que le respect de la liberté d’opinion et d’expression et une garantie du droit d’accès à l’information.

Enfin, les dirigeants de la fédération veulent promouvoir la culture et veulent s’y donner les moyens, ils proposent de consacrer 1,5% du produit national à ce secteur et de créer le « Plan Maroc de la Culture ».

Petit ps qui en vaut la peine. Vous aurez aussi remarqué que dans cette belle toile enneigée que nous ont peint les partis politiques ces derniers temps dans les ruelles marocaines, les tracts de la FGD n’y sont pas ! ( Encore la même chose cette année)

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« Nous sommes prêts pour la COP 22 » disent t-ils.

Tant qu’il y’a de l’espoir il y’a de la vie… dans ce vide sidéral nommé scène politique marocaine

Dans un paysage gouvernemental où tous ceux qui sont déjà arrivés au pouvoir se sont pliés à la volonté du makhzen en perdant de vue leurs idées néo-électorales (Benki en est le meilleur exemple), je me dis que les candidats que je défends (vous l’aurez compris) à travers cet article, pourront peut être ne pas retourner leur veste au moment venu et continuer à défendre leurs valeurs, même les plus risquées (coucou monarchie parlementaire) face à un système de despotisme bien ancré; ou du moins pourront-ils constituer une opposition efficace qui dénonce les abus.

C’est vrai que cet épuisement et manque de niaque que ressentent les jeunes aujourd’hui (et pas que) face au vote est compréhensible, voire légitime mais nous ne pouvons avancer sans un minimum de combativité et de persistance pour ce pays avance. C’est pourquoi l’espoir est aujourd’hui plus important que jamais, face à ce discours pédant, continu et fataliste qu’on nous rabâche sans cesse, bourré de phrases toutes faites du style « nous ne sommes pas prêts » ou encore « c’est dans nos gênes » qui contribue à la morosité de notre scène politique existante. Aujourd’hui nous méritons les politiques que nous avons. Le changement doit venir de nous, de l’intérieur et le futur de notre pays sera à notre image, reluisant ou alors très terne et c’est à nous de décider et de nous engager !

Aujourd’hui, je serai très heureuse qu’une femme portant des valeurs aussi dignes que le patriotisme, l’égalité, le mérite dans le travail et le progrès soit à la tête de mon gouvernement ou me représente au sein de mon parlement.

Si il fallait émettre une critique, car on le sait désormais « qui aime bien, critiques bien », le programme semble manquer de décisions concrètes. Il est ainsi fourni en grandes phrases joliment écrites et composées de beaux mots tels que « équité » ou « dignité » mais ressemble aux autres dans sa forme assez générale et un peu vague. Peut être qu’un peu plus d’actions concrètes élimineraient le doute pour certains électeurs.

Rien de mieux pour mettre un terme à cet article qu’un petit aperçu de la tournée de Nabila Mounib dans les rues de Casablanca la veille du scrutin, jeudi 6 octobre 2016, histoire de voir à quoi ressemble ce personnage que vous allez surement apercevoir de plus en plus sur la scène politique au Maroc ces prochaines années (-1:04:20).

Une marocaine qui a de l’espoir.

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